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Déclaration de la FSU Guadeloupe au CTA

2 février 2015

lundi 2 février 2015, par Guillaume MARSAULT

Monsieur le Recteur,

Aujourd’hui, il n’a jamais été autant question d’école dans l’actualité : après le drame survenu il y a trois semaines et une mobilisation citoyenne sans précédent, c’est l’acte II de la refondation de l’école qui a été annoncé par le chef de l’Etat lors de ses vœux au monde éducatif. Cette annonce avait été précédée par celle de la ministre de l’Education Nationale qui, au lendemain des attentats à Paris et Montrouge en appelait à une « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République ».

Si la ministre pointe fort justement le sentiment de désespérance, les discriminations, l’accroissement des inégalités et de la prévalence du déterminisme social, l’incapacité collective à prévenir le décrochage scolaire endémique d’une partie de notre jeunesse, elle pense à tort que la refondation de l’école, la réforme des rythmes scolaires, la nouvelle carte de l’éducation prioritaire, mesures engagées par le gouvernement permettront de répondre à ces défis.

C’est bien dans le cadre d’une autre politique sociale et économique, respectueuse des libertés que l’Ecole parviendra à répondre à ce constat alarmant. Or, le budget 2015, amputé de 21 milliards d’euros, s’inscrit dans la même politique libérale alors même que les objectifs de réduction de déficit à 3% ne sont pas et ne seront pas atteints, quels que soient les artifices comptables utilisés. La croissance, obsession du gouvernement, est absente et celui-ci accentue sa politique de rigueur au détriment des classes populaires et moyennes.

L’acte II de la refondation dont la ministre de l’éducation nationale a donné les contours le 22 janvier risque de laisser la communauté éducative sur sa faim : les mesures annoncées sont pour la plupart un réamorçage de dispositifs déjà existants qui ne régleront aucun problème sur le fond. L’enjeu est pourtant crucial

Education Prioritaire :

Alors que les difficultés sociales et scolaires augmentent, faire le choix d’une réforme - pourtant nécessaire - de l’Education Prioritaire à périmètre constant est un déni de la réalité que vivent certains établissements, qui sont soit condamnés à sortir de l’enseignement prioritaire, soit interdits d’y entrer.
Certes, la promesse a été faite de les accompagner, mais sur quels critères et avec quels moyens ? Le procédé qui consiste à faire supporter aux collèges non labellisés car mal classés dans les 4 indicateurs, le redéploiement de l’Education Prioritaire en leur retirant des emplois, ne tient pas compte de leur dotation et de leur situation.

La FSU dénonce la manière dont a été élaborée la nouvelle carte de l’Education Prioritaire dans l’académie, sans concertation des représentants des personnels, malgré nos demandes. Aussi bien au précédent CTA que lors des Groupes de Travail, à aucun moment les représentants des personnels n’ont été informés ni de la répartition par département, ni des établissements choisis et n’ont donc pu, non seulement en débattre dans les instances en vue d’améliorer ce projet, ni en informer les personnels des collèges et écoles potentiellement concernés. La parution dans la presse de la liste des établissements retenus avant même sa diffusion aux représentants des personnels dans les instances statutaires concourt au manque de considération porté aux personnels.

D’ailleurs, la FSU Guadeloupe, qui a lu attentivement vos documents, a du mal à saisir ce que l’administration considère comme éducation prioritaire et ce d’autant qu’il n’y a pas une ligne à propos de ce sujet dans le dernier projet académique comme dans le précédent. Des établissements REP+ ont un H/E à peine dans la moyenne académique. Des établissements non classés ont des H/E largement supérieurs à des établissements REP voire REP+. Par ailleurs, La FSU Guadeloupe ne cesse de demander à ce que les documents ne soient plus fournis en pdf, ce qui les rend quasiment inexploitables !
L’absence de politique en éducation prioritaire doit cesser. Nous rappelons que l’année dernière, il y avait plus d’élèves par classe en éducation prioritaire qu’en dehors. Toute la transparence doit être faite dans les choix fait par Monsieur le recteur sur le classement des établissements.

La FSU Guadeloupe persiste dans sa demande de communication de l’ensemble des critères qui ont conduit au classement REP et REP+ fournis par le ministère pour l’ensemble des établissements de l’académie. Nous réitérons notre demande d’un décret permettant d’identifier tous les établissements se trouvant en Zones Urbaines Sensibles. La carte des REP faite en toute opacité et sans aucun dialogue social va avoir de lourdes conséquences, dans le second, mais aussi dans le premier degré, notamment à Capesterre-Belle-Eau, dans les dépendances, à Saint-Martin... La FSU Guadeloupe demande la totale remise à plat de cette carte, avec une véritable discussion sur ce sujet.

Oui Monsieur le Recteur, vos prédécesseurs se sont à chaque fois amusés de la demande de la FSU ! N’importe quel établissement de l’académie posé dans n’importe quelle autre académie serait immédiatement classé REP+, aussi nous réitérons notre demande de classement de l’ensemble de l’académie en éducation prioritaire

1er degré :

Sachant que le prochain CTA dévoilera la suppression de 29 postes pour l’académie, l’ordre a été donné de repousser les opérations de carte scolaire après les élections départementales, alors même que la période de réserve n’a pas débuté. La FSU dénonce l’instrumentalisation de l’Ecole à des fins politiques, comme elle dénonce le calendrier imposé qui va avoir pour conséquences de contraindre davantage les opérations au détriment du dialogue et de la consultation. Les personnels eux-mêmes ne seront pas en reste puisque toutes les opérations de gestion vont se retrouver reportées.
Alors que la priorité donnée au primaire pouvait laisser envisager un changement de cap dans une académie déjà lourdement ponctionnée, il n’en sera rien une fois de plus. Le choix qui est fait est toujours celui du moins d’école, la dotation négative ne permettant pas de prendre en compte l’ensemble des besoins de l’académie : remplacements, nécessaire baisse des effectifs, réseaux d’aides spécialisées, plus de maîtres que de classes, scolarisation des moins de 3 ans, formation des enseignants… Comment envisager sereinement la rentrée 2015 dans ces conditions ?

Second degré :

La FSU dénonce les conditions dans lesquelles se tient ce CTA. En effet, alors que nous étudions les structures des lycées, vos services demandent dans le même temps aux proviseurs de faire remonter leur TRMD, ni présenté et voté en CA. Concrètement, les structures sont déjà figées, malgré les éventuelles propositions des personnels et ce CTA sera purement formel.

Cette prochaine rentrée ne marque pas de rupture, malheureusement, avec 34 suppressions de postes pour le second degré. Une nouvelle fois les effectifs sont mis en avant sans prendre en compte les caractéristiques de notre archipel. En effet, comment croire les prévisions d’effectifs quand la rentrée 2014 qui devait voir fondre les effectifs... les as vus s’accroître ! 31 postes ont été supprimés en mars 2014, alors que dans le même temps, 33 postes et 37 postes en heures supplémentaires ont été recréés en toute urgence pour faire face aux besoins de l’académie. Plutôt que bénéficier des personnels professionnels, titulaires et formés qui auraient du répondre aux difficultés de nos élèves, ce sont des précaires, envoyés en toute urgence, à gérer une pénurie qui ont servi de réponse !

Cette politique est d’autant plus scandaleuse que notre académie est en très gros retard par rapport à la moyenne nationale, ne serait-ce qu’au regard des résultats aux examens, mais aussi en lien avec les difficultés socio-économiques de nos élèves.

Pondérations en 1ère et Terminale : Même si les nouveaux décrets statutaires ont apporté des améliorations et clarifications, il n’en reste pas moins que la pondération actuellement proposée est insuffisante. La FSU a réclamé en CTM une augmentation de la pondération en cycle terminal et son extension aux professeurs de lettres en classe de seconde, une augmentation de la pondération en BTS, la transformation de l’indemnité pour effectif pléthorique en minoration de service, la prise en compte de l’heure de chorale, la généralisation de l’attribution des heures de décharges pour les fonctions de coordination.

Projet de décrets indemnitaires pour les missions particulières (IMP)
Dans la suite de la rénovation des décrets statutaires, certaines missions actuellement « rétribuées » sous forme de décharges de service, seront à partir de la rentrée 2015 rétribuées sous forme indemnitaire. La FSU s’oppose au principe du basculement de la logique de décharge statutaire sur de l’indemnitaire. Le choix du rectorat de Guadeloupe de proposer ces IMP en HSE ouvre la porte à des choix locaux inacceptables, qui remettent en cause le principe des IMP sous forme de décharge prévus par l’article 3 du décret 2014-940 du 20 août 2014.

Même si la présentation des missions en CA assure une certaine transparence, cela n’en pose pas moins un certain nombre de questions :
• Le montant du taux de base tel que défini actuellement n’est pas suffisant et doit être augmenté.
• La définition locale du montant indemnitaire n’est pas acceptable : il doit y avoir un cadrage national précis.
• l’attribution chaque année du nombre d’indemnités de base par établissement, risque de conduire à une adaptation de ce nombre en fonction « d’impératifs économiques », sans perspective de revalorisation. En l’état actuel ce projet de décret IMP n’est pas acceptable et doit être amélioré.
• En EPS, s’agissant de la coordination des APSA pour l’organisation des enseignements de l’EPS, cette mission ne peut être soumise à l’appréciation locale qui pourrait mettre en péril notre enseignement. Elle recouvre de nombreuses missions telles que : animation du travail pédagogique collectif de l’équipe EPS ; élaboration collective, présentation et mise en œuvre du projet pédagogique et participation de celui ci au projet d’établissement ; programmation des APSA et coordination des cycles d’enseignement ; organisation de l’évaluation et des épreuves certifications ; participation à l’élaboration des emplois du temps des classes ou des groupes EPS dans le respect des textes en vigueur ; participation à l’élaboration des emplois du temps des enseignants dans le respect des textes en vigueur ; harmonisation des emplois du temps en lien avec les installations sportives nécessaires et disponibles et en relations avec les collectivités territoriales , négociation avec celles ci pour la mise à disposition des installations sportives et les autres établissements ; gestion (achat, renouvellement, inventaire) du matériel indispensable à l’enseignement des APSA et à la pratique des élèves ; contribution à l’accueil et à l’intégration des personnels chargés de remplacement…
• Cette coordination a, depuis longtemps, fait l’objet d’instructions de la part du ministère (circulaires, notes de services) et de rémunérations reconnaissant son importance et sa légitimité.
La FSU Guadeloupe demande l’arrêt immédiat du vote de la répartition des IMP jusqu’à la publication du décret et vous demande d’alléger le service des coordonateurs EPS comme le permet l’article 3 du décret 2014-940 du 20 août 2014 en raison de la lourdeur de cette tâche et de la situation de notre académie en matière d’installations sportives.

En conclusion, la FSU rappelle dans cette instance, dans une période si particulière et douloureuse, que l’Éducation a un rôle majeur à jouer. La place et le rôle des personnels du service public de l’Éducation Nationale sont essentiels et doivent être confortés. Il faut donner à tous les personnels, en plus grand nombre, les formations, outils et moyens qu’ils considèrent nécessaires pour que chaque élève qui leur est confié puisse se construire en tant que futur citoyen, pensant, libre et reconnu comme tel. Le défi est d’ampleur.

La FSU Guadeloupe dénonce cette politique d’abandon de la jeunesse guadeloupéenne, cette politique de casse de l’Éducation Nationale qui va aggraver fortement les grandes difficultés de notre académie.
Dans notre académie, comme partout ailleurs, la FSU demande une mobilisation générale qui passe par d’autres choix budgétaires et appelle des mesures fortes, aussi bien sur le terrain scolaire que sur l’environnement social de l’Ecole.
Cette revendication sera au centre de l’appel à la grève lancé par la FSU le 3 février.

Les représentants de la FSU