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Déclaration liminaire de la FSU Guadeloupe CTA du 8 novembre 2019

vendredi 8 novembre 2019, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Monsieur le Recteur,

Vous nous réunissez aujourd’hui pour faire le bilan de la rentrée. Nous avons suivi dans les médias et sur les réseaux sociaux votre auto-satisfaction permanente, en décalage total avec la réalité vécue par les collègues, par les élèves, et par les parents d’élèves ! Vous vous êtes donnés les moyens de changer toute votre équipe (SG, DRRH, DAASEN), mais à ce jour, nous sommes toujours en attente d’une réelle amélioration du service public d’Éducation permettant aux élèves de réussir et aux personnels de travailler dans de bonnes conditions.

Nous voici à l’aube d’un nouveau projet académique, et comme de coutume, aucun bilan sérieux n’a été effectué, fautes d’indicateurs de performance, les personnels devront appliquer un énième projet qui sera vide de sens puisque qu’ils n’auront pas été concepteurs de ce projet, en collaboration avec tous les acteurs de notre système éducatif, puisqu’ils n’auront pas été impliqué réellement dans ce projet.

Sur Saint-Martin, vous avez fait repeindre les murs de façade d’un établissement scolaire pour faire des photos de la réhabilitation du collège, pendant que les collègues faisaient leur rentrée dans des salles qui prennent l’eau, ou le plein soleil puisque les jalousies attendent désespérément d’être réparées pour pouvoir enseigner dans des conditions décentes. Toujours sur cette île, vous avez annoncé dans tous les médias la livraison de 14 algécos, qui bien qu’insuffisants, auraient permis d’améliorer l’enseignement à la cité scolaire. Malheureusement, les collègues les attendent toujours et continuent d’enseigner dans des conditions plus que précaires ! À la cité scolaire toujours, le CHSCT vous a rendu un rapport accablant sur l’état des collègues, dénonçant de graves problèmes de management. Aujourd’hui, la FSU le constate, vous avez une nouvelle fois préféré soutenir à tout crin le chef d’établissement plutôt que d’améliorer les conditions d’exercice des enseignants ! Quant aux logements pour les collègues qui arrivent, votre vice-recteur semble plus occupé à faire du lobbying auprès des politiques pour la création de son vice-rectorat qu’à répondre aux besoins immédiats !

En Guadeloupe continentale, les collègues constatent tous les jours les effets de votre management de destruction volontaire d’emplois publics. Les compléments de service se multiplient, les classes débordent, les enseignants sont accablés d’heures supplémentaires dont ils ne veulent pas.

Malgré cela, vous avez du employer dès la rentrée plus de 400 non titulaires, preuve que vos suppressions de postes sont totalement injustifiées. D’ailleurs, dans votre bilan des ajustements, vous recréez l’équivalent de 18 équivalents temps plein, soit 15 % des équivalents temps plein supprimés l’année dernière ! Votre vision prospective est toujours aussi erronée, Monsieur le Recteur. C’est une destruction intentionnelle d’emplois de fonctionnaires pour générer de la précarité ! Le mépris dont vous faites preuve à leur égard est inacceptable pour la FSU. Ces collègues sont certes précaires, mais vous les utilisez de manière récurrente et vous leur devez le respect !
La FSU Guadeloupe dénonce ici solennellement le choix continu de l’académie d’organiser des coupures volontaires des contrats aux collègues qui pourraient prétendre à un CDI, malgré les besoins pour les maintenir dans la précarité ! Monsieur le Recteur, par cette pratique qui n’est pas nouvelle, vous piétinez le droit, vous méprisez les collègues, vous insultez les élèves qui ont besoin d’enseignants qualifiés et formés ! Tout cela pour limiter les dépenses. Au détriment de la qualité !

Ce sont vos ordres Monsieur le Recteur, qui exigent aussi à la direction des moyens de faire toutes les difficultés aux non-titulaires admissibles aux concours de l’Éducation Nationale. Ce sont vos ordres Monsieur le Recteur qui exigent à la direction des moyens de faire toutes les difficultés aux collègues titulaires admissibles aux concours et qui demandent à se faire rembourser un billet d’avion. Vous nous fournissez une nouvelle fois une liste de résultats aux concours, qui est totalement inexploitable en l’état, et qui ne reflète en rien la volonté de formation de l’académie, mais uniquement les résultats de réussites individuelles, le plus souvent avec des moyens privés ! Ce sont vos ordres, Monsieur le Recteur qui ont imposé à la division des moyens de supprimer les remboursements de frais de l’application en ligne pour les collègues qui font passer des examens. Ce sont vos ordres, Monsieur le Recteur qui imposent à la division des moyens de faire toutes les difficultés possibles aux collègues sur plusieurs établissements dans des communes différentes de se faire reconnaître le droit à leur heure de décharge.

Dans le même temps l’hygiène dans les établissements scolaires de l’académie se détériore chaque jour un peu plus. Les écoles, les collèges, les lycées doivent fermer leurs portes en raison des coupures d’eau. Il existe pourtant des solutions techniques pérennes pour remédier à cela. Elles ont juste un coup financier. Mais il ne s’agit que de la jeunesse guadeloupéenne ! Dans votre souci de communication permanente, avez-vous pris l’attache des collectivités pour les mettre devant leurs responsabilités ? Si on ajoute les rats, les maladies comme la galle qui réapparaissent dans certaines écoles, la FSU Guadeloupe se demande ce que vous faites pour sortir l’académie de ses difficultés !

Comme si cela ne suffisait pas, vous cautionnez les règlements intérieurs illégaux édictés par des chefs d’établissement ayant une vision passéiste, réactionnaire, misogyne et machiste de l’éducation et de la jeunesse ! Le droit à l’éducation ne peut avoir de contrepartie ! Contrairement à l’idée véhiculée par les libéraux, un droit n’entraîne pas un devoir ! Un droit est un droit ! Point final ! Le droit à l’éducation ne peut avoir comme contrepartie les brimades des filles en matière vestimentaire ! Si ce n’est à cautionner la culture du viol inadmissible en 2019 !

La FSU Guadeloupe s’inquiète très fortement concernant la réforme des lycées ! Si vos consignes pour limiter les choix des spécialités dans les établissements ont permis aux chefs d’établissement de construire des emplois du temps plus ou moins viables, force est de constater que vous semblez naviguer à vue concernant les épreuves communes de contrôle continu qui doivent se tenir à partir de janvier ! La FSU Guadeloupe constate que de nombreux lycées n’ont pas une connexion Internet nécessaire pour pouvoir répondre à la législation qui demande la dématérialisation des copies et leur traitement sur une plateforme en ligne. Il en va de même pour les nombreux collègues qui vivent dans les zones blanches de notre territoire ! Comment comptez-vous corriger les copies sans connexion Internet dans vos établissements, ni chez les collègues ? Il reste deux mois pour résoudre ce problème ! Quels personnels avez-vous prévu pour numériser l’ensemble des copies, sachant qu’il ne peut s’agir des enseignants ? Quels serveurs avez-vous prévu pour stocker et sécuriser les milliers de copies numérisées pendant une année ? Quel temps avez-vous prévu pour que les enseignants corrigent ces copies, sachant qu’ils doivent théoriquement continuer à enseigner, et évaluer leurs élèves ? Qui va faire le choix des sujets dans la banque nationale ?

À toutes ces questions, vos réponses évasives et le plus souvent votre absence de réponse lors de notre entrevue, Monsieur le Recteur, nous amène à réitérer notre demande d’annulation des E3C pour la session de janvier. Si vous les maintenez, la FSU Guadeloupe rappelle que les textes en vigueur prévoient, comme il s’agit de copies de baccalauréat que le tarif fixé par l’administration est de 5€ par copie !

La FSU Guadeloupe dénonce ici publiquement le traitement que vous faites aux psychologues de l’Éducation Nationale. Alors qu’il y a encore 4 CIO en fonctionnement dans l’académie, vous faites le choix, Monsieur le Recteur de les étouffer délibérément en leur imposant de survivre sans aucun budget de fonctionnement propre ! Ainsi, l’achat d’un stylo, d’un rouleau de papier toilettes, d’une cartouche d’encre, d’un litre d’eau de javel, doit être quémandé aux services centraux du rectorat faute de création d’une ligne budgétaire de fonctionnement pour chaque CIO ! Pire, vos injonctions aux psychologues d’aller former les professeurs principaux de lycée est en dehors de tout cadre légal ! Un psychologue de l’Éducation Nationale n’a pas la même formation qu’un enseignant et réciproquement ! Si les PsyÉN sont si attachés à la dimension psychologique de leurs missions, c’est justement parce que ce ne sont pas des machines à orienter les élèves, mais des êtres humains qui prennent en considération chaque élève dans toutes ses dimensions pour le conseiller et lui permettre de faire les choix éclairés qui lui conviennent le mieux ! On est certes loin de la vision rétrograde de l’orientation-employabilité véhiculée par les libéraux, mais si on se limitait à cela sur notre territoire, quel serait l’avenir de la jeunesse guadeloupéenne dans une région où il n’y a pas d’emploi ?

La FSU Guadeloupe constate que vous avez signé une convention avec un organisme pour que tous les élèves de 4ème de l’académie aient un bilan concernant leur poids et les risques d’obésité, d’ici trois ans ! Quand on sait que plus d’un élève sur quatre arrive en surpoids en classe de 6ème, quand on sait que vous cautionnez dans les collèges et lycées de l’académie la présence de camions ambulants, de paillotes, totalement illégaux, qui vendent des produits gras, des sodas remplis de sucre, sans aucun contrôle institutionnel, cette initiative est une nouvelle fois de la poudre aux yeux médiatique, destinée à embellir votre communication sur un problème aussi grave que dramatique que vous ne traitez absolument pas !

Monsieur le Recteur, si vous voulez lutter contre l’obésité, le surpoids et les risques afférents, prenez vos responsabilités : faites sortir des établissements scolaires tous les dispositifs de vente de nourriture et de boissons illégaux ! Prenez l’attache du préfet pour qu’il fasse fermer tous les dispositifs de vente aux abords des établissements scolaires tout aussi illégaux ! Prenez l’attache des collectivités territoriales pour que tous les EPLE de l’académie soient dotés d’un restaurant scolaire en capacité d’accueillir tous les élèves ! Mais à voir le seul exemple du lycée Proto où deux grandes marques de fast food étatsuniennes ont ouvert des enseignes à moins de 100 m à pied, il est évident que votre préoccupation n’est pas la santé de la jeunesse guadeloupéenne dont vous avez pourtant la responsabilité !

Dans le premier degré, la FSU Guadeloupe dénonce votre choix inique de recourir à la précarité, plutôt que d’ouvrir des listes complémentaires qui permettraient de répondre aux besoins réels de notre académie ! Une fois encore, vous, Monsieur le Recteur, comme vos prédécesseurs, faites le choix de sacrifier l’avenir de la jeunesse guadeloupéenne, pour répondre aux injonctions les plus absurdes de la centrale.

Monsieur le Recteur, les documents que vous présentez à ce Comité Technique concernant le bilan de l’orientation en collège, puis en lycée sont indigents, indignes d’un Comité Technique ! Même votre communication sur les réseaux sociaux emploie des données plus précises ! Là où notre organisation syndicale attend des chiffres précis dans un tableau de données, vous manifestez un tel mépris que nous n’avons droit qu’à une image PDF avec des phrases du type « Un grand nombre d’élèves… Une très grande majorité » qui n’ont absolument aucune signification, si ce n’est votre volonté de dissimuler la réalité de l’académie aux organisations syndicales ! Il en va de même pour votre présentation de la réforme des lycées ! Là où notre organisation attendait un tableau de données exploitable statistiquement, avec l’ensemble des choix des élèves par établissement, la FSU doit se contenter de quelques chiffres globaux et invérifiables !

concernant les personnels administratifs, la FSU tient compte de la volonté de l’administration de revaloriser à la hausse la catégorie C, mais les montants étant au plancher, cela ne compense pas l’inflation annuelle de 2%, ni le gel du point d’indice.
Force est de constater que les revalorisations proposées par l’administration pour les catégories A et B sont en deçà du taux pivot. Encore une fois, les administratifs sont quantité négligeable.

Comment expliquer aux collègues que leur académie, leur recteur, estime que leur investissement ne vaut que ça ! Une reconnaissance minimale alors que l’on demande aux agents un investissement maximal. Encore des miettes, alors comment pensez-vous qu’ils vont le prendre ? Plus que jamais, il est nécessaire encore une fois de retravailler plus finement la cartographie afin d’améliorer l’indemnitaire.

Nous attendons donc un calendrier de l’agenda social permettant un vrai travail de la cartographie, comme vous vous y êtes engagés lors de la dernière réunion de travail. Il est aussi plus qu’urgent d’ouvrir une vraie concertation sur le CIA et d’en finir avec le fait du prince.

Lors du CTA du 27 juin 2019, nous avions déjà dénoncé l’exploitation doublée de mépris qui caractérisaient la gestion des personnels administratifs. Force est de constater que vous visez sans aucun doute une place dans le livre Guinness des records : pas de gestion du remplacement des personnels administratifs, contrairement aux enseignants ; déménagement sans ménagement pour satisfaire certains égos sans se soucier des conséquences sur le fonctionnement des services, qui au quotidien travaillent sans eau, sans fournitures.

Tout cela dans l’indifférence générale puisque le travail se fait mais jusqu’à quand ?
Faut-il que la Guadeloupe vienne gonfler les chiffres des suicides recensés dans l’Education nationale : 58 à ce jour !

Par ailleurs, les infirmiers demandent la mise en place d’un concours pour la rentrée 2020 et la création d’un poste à Saint-Martin à la cité scolaire Weinum qui chaque année fait appel à un personnel contractuel. La contractualisation des infirmiers par des contrats courts et la rémunération en catégorie C de ces personnels diplômés d’état ne correspond pas à leur catégorie soit la catégorie A dans la fonction publique. Nous demandons qu’un groupe de travail soit organisé afin de faire cesser cette précarisation.

La FSU Guadeloupe vous rappelle, Monsieur le Recteur, que nous sommes sur un territoire particulier, à plus de 8,000 km du centre, avec un taux de chômage gigantesque, des records de surpoids, des records de grossesses précoces non désirées, des records de familles monoparentales, des records d’accueil d’élèves primo-arrivants non francophones.

Et votre réponse institutionnelle, Monsieur le Recteur, quelle est-elle ? Trois malheureux établissements classés en REP+ ! À votre arrivée, vous aviez entamé un processus de discussion sur l’augmentation du périmètre de l’éducation prioritaire dans notre académie. Quand les bons indicateurs ont commencé à faire surface, les groupes de travail ont cessé, et le processus a vite été stoppé ! Non ! On ne faut surtout pas donner les mêmes chances de réussir à la population guadeloupéenne qu’à la population guyanaise ! La FSU Guadeloupe demande donc que les travaux puissent reprendre.

Pour les personnels, dans un contexte où les conditions de travail ne cessent de se dégrader, la labellisation nationale des REP doit perdurer pour ainsi garantir les moyens alloués aux élèves les plus en difficulté.

La FSU Guadeloupe dénonce la volonté politique en la matière du ministère et réclame pour la jeunesse ce que l’administration lui doit : le classement de toute l’académie en REP.

La FSU réaffirme que ses priorités pour la réussite des élèves consistent avant toute autre chose à une diminution des effectifs, à des classes avec des températures raisonnables, à des espaces de pratiques physiques de proximité fonctionnels, polyvalents et mutualisables, à des cantines scolaires de qualité dans tous les établissements scolaires, à des places en internat pour tous les élèves qui en ont besoin, à des transports scolaires
cohérents, gratuits et fréquents pour permettre aux élèves de se rendre dans des temps raisonnables sur leurs lieux d’enseignement !

Les commissaires paritaires de la FSU élus au CTA Guadeloupe.