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Déclaration liminaire de la FSU Guadeloupe – CTA du 16 avril 2021

vendredi 16 avril 2021, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Madame la Rectrice,

En pleine crise Covid, alors que de nombreux pays ont fait le choix d’investir massivement dans l’Éducation pour donner un avenir à une jeunesse mise en grande difficulté par les contraintes liées au confinement et à la crise sanitaire, votre ministre de tutelle et vous-mêmes, madame la Rectrice, faites le choix inverse.

Votre inconscience forcenée de maintenir les établissements ouverts à tout crin en dépit du bon sens, a obligé le préfet à prendre la décision à votre place d’imposer une demi-jauge dans le second degré ! Visiblement, les élèves se contaminent désormais dans les collèges et les lycées, mais pas dans les écoles maternelles et primaires. Quel est votre rôle concret madame la Rectrice si vous ne prenez jamais aucune décision, et que vous vous contentez de recopier les directives de votre ministre de tutelle ou d’obéir aux injonctions de Monsieur le Préfet ?

La FSU Guadeloupe est scandalisée par votre inconséquence, votre aveuglement et votre incapacité à prendre la moindre décision ! Le passage en demi-jauge, ça s’anticipe ! Les organisations syndicales représentatives ont l’expertise du terrain, mais vous préférez les piétiner et les oublier pour demeurer seule dans votre tour d’ivoire à envoyer des injonctions verticales, et en laissant décider les chefs d’établissement face à leurs équipes pédagogiques, tous autant démunis les uns que les autres ! Le choix d’organisation un jour/un jour en demi-groupe fonctionne effectivement en collège, mais comment allez-vous organiser cela en lycée, quand les groupes classe n’existent plus puisque la réforme des lycées les a fait exploser ? Ces choses là auraient pu être réfléchies en amont si elles avaient été discutées et anticipées !

Mais vous imposez l’urgence, même si vous mentez dans les médias en prétendant que tout a été anticipé depuis septembre ! C’est faux ! Tout le monde le sait ! Vous mettez en difficulté tout le monde !

La FSU a toujours été force de proposition, pourtant, vous nous réduisez à constater vos errements et à réagir à des décisions qui auraient pu être consensuelles si elles avaient été discutées en amont ! Mais vous faites le choix systématique de la communication, plutôt que du dialogue social, comme cette instance en est malheureusement l’exemple ! Vous décidez délibérément d’abandonner la jeunesse guadeloupéenne en détruisant des emplois de fonctionnaires là où ils sont déjà fortement lacunaires !

Votre secrétaire général l’a lui-même reconnu mardi dernier en groupe de travail quand notre fédération s’interrogeait sur les 84 emplois cachés, camouflés, dissimulés, choisissez vous-mêmes l’adjectif pour ces supports dont les organisations syndicales ne sauront jamais comment ils sont utilisés, par qui et pour quelles missions !

Une des conséquences de cette non utilisation de ces 84 emplois pourtant budgétisés par le ministère : 25 collègues vont recevoir une mesure de carte scolaire alors que les besoins et les moyens sont là.

Une autre des conséquences de cette non utilisation de ces 1522 heures postes pourtant budgétisés par le ministère, des collègues vont être en complément de service, parfois pour 2 ou 3 heures alors que les besoins et les moyens sont là.

En EPS, alors que pour la 1ère fois l’année passée, 2 postes étaient restés vacants, les remplacements étaient assurés par plus de contractuels que de titulaires c’est à dire des personnels n’ayant pas été validés par un concours et n’ayant pas reçu une formation complète. L’année prochaine ce seront 15 postes qui seront vacants (19 postes publiés au mouvement, 1 suppression incompressible et 2 départs en retraite non mis au mouvement pour seulement un calibrage inter de +7) sans compter tout ceux qui réapparaîtront en septembre. Le petit bassin de recrutement de notre académie poussera à recruter des enseignants avec des qualifications de plus en plus faibles.

Ce seront les élèves issus des milieux sociaux les plus défavorisés qui en seront les victimes mais cela vous semblez l’assumer puisque vous coupez des disciplines sportives élitistes comme la voile au LGT Leborgne de Sainte Anne d’un bassin de formation d’élèves issus de milieu plus défavorisés au collège Yssap (réduction des moyens) ou au Collège Macal (suppression). Par quelle magie sans section sportive performante dans ces 2 collèges retrouverons-nous plus de la mixité sociale au lycée ? Ces élèves des milieux défavorisés iront ils d’eux même s’initier à la voile ? Avec quels moyens ? C’est un naufrage pour l’école républicaine !

Par ailleurs, Mme la Rectrice, vous multipliez les postes à complément de service. Vous dégradez donc les conditions de travail de nos collègues qui devront exercer sur plusieurs établissements. Vous dégradez par conséquent les conditions d’étude de nos élèves qui auront des enseignants moins disponibles.

En 3 ans c’est une augmentation de 700% pour cette discipline qui passe de 2 compléments de service à 14. Avec les TZR et les contractuels, ce seront près de 15% de nos collègues qui seront dans des conditions dégradées. Là encore, quel naufrage républicain !

Pourtant aucun problème de recrutement pour la Guadeloupe qui est très demandée au mouvement inter ! Mme la Rectrice, c’est votre calibrage trop faible qui génère cette pénurie d’enseignants ! Même le ministère le reconnait !

Alors qu’une réduction drastique des effectifs dans l’ensemble de l’académie au regard des Indicateurs de Position Sociale supposerait la création immédiate de 500 emplois au minimum (ce qui correspond peu ou prou aux enseignants précaires que vous recrutez tous les ans), vous poursuivez l’œuvre de destruction du service public d’Éducation.

Pire ! Vous détruisez sciemment les emplois des élèves les plus en difficulté de l’académie. Ceux des structures spécialisées en premier lieu, SEGPA ou UPE2A ! Malgré l’unanimité syndicale pour dénoncer ces suppressions de postes abjectes, vous poursuivez à marche forcée la désorganisation de l’accueil des élèves non francophones. Mardi en Groupe de travail, vos services ont eux-mêmes admis que vos choix nécessiteraient une refonte de la carte des UPE2A sans doute dès l’année prochaine, parce que de manière surprenante pour vous, mais tellement logique pour nous, aucun collègue titulaire n’est candidat à postuler pour travailler dans 4 ou 5 établissements différents ! Mais pour justifier l’injustifiable, vous en venez, Madame la Rectrice, à réfléchir à une nouvelle définition des élèves qui peuvent accéder à ce dispositif !

Le pire du libéralisme appliqué à l’éducation !!!! Car quel est le souci, madame la Rectrice ! La crise socio-économique dans la région caribéenne conduit à l’arrivée en nombre d’élèves non francophones sur notre territoire. Quand un mineur arrive sur le territoire de la République, il y a obligation à le scolariser. La République sociale et bienveillante a imaginé doctement qu’un élève
non francophone devait bénéficier d’une aide, d’un accompagnement pour pouvoir suivre un cursus scolaire dans les meilleures conditions. En suivant, cette logique, il aurait sans doute fallu créer une douzaine de postes spécialisés en UPE2A pour répondre aux besoins réels.

Mais dans votre logique libérale, il ne s’agit pas de permettre aux élèves de réussir. Il s’agit juste de les scolariser, et, si d’ici la rentrée, vous trouvez un précaire assez en difficulté socio-économique pour accepter ces conditions de travail indignes, ces élèves non francophones auront peut-être deux ou trois heures de Français langue étrangère, et se noieront au fond d’une salle de classe le reste du temps ! En bonne libérale, vous considérez qu’il appartient à l’élève d’apprendre le français par lui- même pour se donner les moyens de réussir !

Il en va de même pour les SEGPA que vous supprimez ! Vous envoyez des élèves repérés en très grande difficulté, se noyer au milieu de 25 ou 28 élèves sans aucune chance de réussir, puisqu’ils ne bénéficient d’aucune aide, mais c’est là votre vision de l’inclusion : mettre tout le monde dans la même salle de classe pour vérifier que seule une petite élite va s’en sortir !

La FSU Guadeloupe dénonce vos choix, dénonce les choix du ministre que vous servez !

La FSU Guadeloupe dénonce votre vision navrante du tri social institutionnalisé.

La FSU Guadeloupe dénonce votre abandon de la jeunesse guadeloupéenne !

La FSU Guadeloupe s’oppose aux suppressions de postes aussi injustes qu’injustifiées que vous proposez pour ce comité technique !