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Livret de compétences, rythmes scolaires, histoire des arts… où en est-on ?

vendredi 7 janvier 2011, par Sandrine Stefkovic

Les 16 et 17 décembre 2010, les collègues de plus d’une vingtaine d’établissements de la Guadeloupe et de ses dépendances ont échangé, débattu avec Sandrine CHARRIER, du SNES National, sur les réformes actuelles, des choix politiques au travers de ces réformes, leur mise en œuvre et des premières conséquences constatées sur le terrain.

Socle commun et livret de compétences

Plusieurs versions du livret de compétences ont été expérimentées sur 2 ans, mais sans aucun cadrage national … et surtout sans aucun bilan officiel. Sans jamais rendre compte des difficultés rencontrées par les équipes qui les avaient expérimentées, sans apporter de réponses satisfaisantes aux nombreux problèmes soulevés depuis le départ tant sur le fond que sur la forme, le ministère a fait le choix de rendre obligatoire la validation de la totalité du socle commun pour l’obtention du DNB à la session 2011. Au niveau de notre académie, les équipes pédagogiques sont très souvent seules face à cette nouvelle charge de travail : pas de coordination académique, les discours des IPR manquent d’harmonie (cela va de l’injonction d’évaluer au laisser-faire). Le SNES reconnaît l’importance d’évaluer les connaissances de nos élèves, et c’est une de nos préoccupations en tant que pédagogues. Mais qui évalue quoi ? Loin de répondre à nos exigences pédagogiques et éducatives, le livret de compétences est un outil ministériel avec pour objectif d’imposer une vision purement utilitariste et économique de notre école (Stratégie de Lisbonne de mars 2000 «  devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde »). Le socle commun met à mal les disciplines scolaires, voire les marginalise, fragmente les savoirs à enseigner, valorise l’acquisition de normes et de repères, juxtapose des compétences, définies comme la combinaison de « connaissances, capacités et attitudes », qui ne sauraient être mises sur le même niveau, éparpille plusieurs compétences informationnelles dans différents piliers.
Pour le SNES, l’ensemble « socle-livret » ne constitue pas une réponse viable à la difficulté scolaire et est même facteur d’inégalités. En fragilisant les disciplines scolaires, il se révèle aujourd’hui comme un outil de transformation du métier d’enseignant avec, de plus, le spectre de la bivalence qui menace.

Débat sur les rythmes scolaires

Au niveau de la Guadeloupe, un premier bilan sur le débat a été présenté par l’administration rectorale, notamment sur l’expérimentation « Cours le matin, sport l’après-midi ». Incontestablement, cette expérimentation reste laborieuse en raison du manque d’installations sportives et d’insuffisance budgétaire. Par ailleurs, elle ne concerne qu’une infime minorité d’élèves. Elle pose des bases susceptibles d’entraîner des dérèglements importants en termes de statuts et de services des personnels, de pouvoir de conception des équipes pédagogiques, de maîtrise des contenus d’enseignement, de qualifications. Elle pose également des bases d’une éventuelle externalisation de certains enseignements. L’expérimentation « Cours le matin, sport l’après midi », annoncée à grand renfort de publicité, ne contribuera pas à changer fondamentalement et durablement l’organisation du temps scolaire, encore moins à résoudre les problèmes des élèves en « mal d’école », des élèves en difficulté en EPS, des élèves « mal dans leur peau », de celles et ceux en surcharge pondérale, etc.

De plus, à partir du premier bilan sur la consultation au débat national sur les rythmes scolaires, des premières propositions ont été émises par l’administration rectorale, notamment de raccourcir la période des vacances d’été et de réduire le temps des séances de cours passant de 55mn à 45 mn. Cette approche du rectorat entre clairement dans une logique budgétaire de réduction de postes et de redéfinition de nos statuts.

Histoire des arts

L’histoire des arts est devenue un enseignement obligatoire depuis 2009 au collège et en lycée. En collège aucun horaire n’a été fixé, il est juste précisé que cet enseignement représentera un quart du programme d’histoire et la moitié des programmes d’éducation musicale et d’arts plastiques. Par conséquent cet enseignement est pris sur les horaires de musique, de dessin et d’histoire géographie. Pour le lycée, tous les élèves doivent avoir un enseignement d’histoire des arts à hauteur de 24 heures/an, sans précision sur les modalités de mise en œuvre.
Depuis l’année dernière, l’épreuve d’histoire des arts a été introduite à titre expérimental comme épreuve au DNB (Diplôme National du Brevet), sur le volontariat des élèves. Pour 2011, le ministère a décidé de généraliser cette épreuve au même titre que les autres épreuves ponctuelles du DNB avec un coefficient 2. Elle porte sur l’enseignement reçu en classe de troisième (essentiellement les arts du XXe et du XXIe siècle). Pour les candidats scolarisés, il s’agit d’un oral passé au sein de leur établissement. En l’absence de cadrage national pour l’évaluation de cette nouvelle épreuve, on se retrouve dans une situation où chaque collège met en place ses propres modalités d’évaluation sans aucune harmonisation académique et sans aucun sens d’équité.

Ainsi, en Guadeloupe, pour certains collèges l’épreuve sera préparée à l’avance sur une œuvre ou un thème déterminé ; pour d’autres collèges, les candidats tireront au sort une ou deux œuvres sur une liste préétablie. Dans un collège de la Grande-Terre, cet enseignent apparaît au bulletin du 1er trimestre au même titre que toutes les autres disciplines, alors que ce n’est pas une discipline mais bien un enseignement intégré dans trois disciplines. Dans ce collège, le chef d’établissement a demandé à quatre enseignants (histoire-géographie, français, musique, arts plastiques) d’évaluer l’histoire des arts ; chaque enseignant évalue sur 5 points et transmet sa note chiffrée au professeur principal qui reporte le total sur le bulletin. On est ici dans l’exemple pur de l’autonomie des établissements où des pratiques non prévues par les textes fleurissent au gré des inspirations des directions d’établissement. La seule évaluation prévue pour cet enseignement est lors du DNB. Il est inadmissible qu’un enseignement qui peut, de par les textes, être enseigné par plusieurs enseignants soit évalué au même rang qu’une discipline sur un bulletin ; et pire encore, soit pris en compte en épreuve ponctuelle au DNB avec coefficient au même titre que le français et les mathématiques.

Qu’en est-il maintenant de la formation du jury pour cette épreuve ? Dans les textes, il faut un binôme comprenant au moins un enseignant d’arts plastiques ou d’histoire-géographie. Qui désigne le jury ? Cela relève d’une décision locale, c’est –à-dire au chef d’établissement. Concrètement l’épreuve d’histoire des arts est un examen sans être traité comme un examen : le chef d’établissement avec les équipes organisent à l’interne les modalités de cette épreuve avec convocation interne et sans ordre de mission. C’est encore une fois une illustration flagrante d’une forte volonté d’accentuer l’autonomie des établissements en accordant davantage d’attributions aux chefs d’établissements. Le DNB est, au travers de cette épreuve d’histoire des arts, renvoyé à une organisation locale et perd assurément son caractère national.

Pour le SNES, toutes les disciplines enseignées au collège doivent être prises en compte pour le DNB qui doit porter sur l’ensemble des programmes. À côté du contrôle continu, des épreuves terminales sont nécessaires ; elles pourraient être élargies au-delà des trois épreuves écrites actuelles et comporter au moins une épreuve de LV.
Le SNES appelle à refuser la mise en place de l’épreuve d’histoire des arts dans les conditions précisées par la note de service du BO n° 40 du 29/10/09.

Ce que demande le SNES pour l’épreuve d’histoire des arts :

 Une concertation rapide pour définir le cadrage national de l’épreuve.
 Des journées banalisées pour l’organisation des jurys, dont les membres doivent toucher des indemnités d’examen.
 L’épreuve doit pouvoir avoir lieu en juin.
 Les collègues impliquées dans cet enseignement doivent bénéficier d’un temps de concertation inclus dans les services.
 L’actuelle définition du jury doit être revue pour permettre que, dans la mesure du possible, un professeur d’arts plastiques ou d’éducation musicale soit présent dans chaque jury.