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Guadeloupe : Il faut des moyens pour l’Éducation

Classons toute l’académie en REP+

jeudi 23 février 2017, par Guillaume MARSAULT

Comme les dotations dans les établissements ressemblent le plus souvent à des peaux de chagrin sous-évaluées (effectifs sous-estimés, seuils par division réhaussés, heures supplémentaires à un niveau insupportable), il restait quinze établissements mobilisés à la veille des vacances de février !

Les situations sont variables, mais les demandes sont partout identiques : reconnaissance des effectifs réels d’élèves présents dans les établissements (le rectorat prévoit l’évaporation d’élèves d’un niveau à l’autre, mais jamais de condensation...), transformation des heures supplémentaires en heures postes (lors de la présentation au CTA du 20 janvier, le rectorat prévoyait 10,5% des dotations en heures supplémentaires, soit plus de 2 par collègue).

Face à la vague de protestation dans les établissements scolaires, marquée par des blocages d’établissements, tant par les enseignants que par les parents d’élèves, mais aussi parfois par des barrages filtrants sur les routes, le rectorat a donné quelques moyens au compte gouttes, mais en toute opacité, sans jamais avoir la moindre vision globale. Pire le Recteur demeure sourd à la quinzaine d’établissements qui dénoncent une rentrée impossible.
Sur Saint-Martin, c’est un véritable miracle mathématiques  : toutes les divisions sont prévues à 28 élèves pile. C’est comme par hasard le seuil fixé par le rectorat. Les chiffres ne correspondent pas à la réalité ? Qu’à cela ne tienne ! Le Recteur propose d’attendre la rentrée pour voir les effectifs réels. Pire ! Pour le collège Mont des Accords, il est spécifié que les salles ne peuvent accueillir plus de 24 élèves, mais les divisions sont quand même constituées à 28 ! Pendant ce temps, il ferme des postes de titulaires et ouvrira des postes de précaires à la rentrée scolaire.
Il a fallu deux jours de grève avec établissement cadenassé et barrage filtrant devant la mairie, pour que le collège Abymes Bourg obtienne la réouverture de classes et des moyens en heures postes. Il a fallu onze jours de grève au collège Courbaril de Pointe noire avec le soutien des parents d’élèves, avec le soutien de la mairie, avec des engagements écrits des parents de CM2, avec un barrage filtrant d’une route importante de Basse Terre pour que l’établissement obtienne la recréation d’une division et des moyens en heures postes. Dans le même temps, sans une seule heure de grève, le collège Bambuck du Gosier a obtenu la transformation de 90 heures supplémentaires en heures postes dans la plus grande opacité. Comment expliquer que certains obtiennent des moyens d’un claquement de doigt alors que d’autres luttent des semaines entières ?

Une quinzaine d’établissements qui ont tous fait 4 à 7 jours de grève attendent toujours que le rectorat leur rende des moyens en heures postes.
Face à cette situation le SNES, le SNEP et la FSU ont soutenu les collègues grévistes, ils les ont aidés dans leurs démarches pour demander des audiences auprès du recteur et face à sa surdité, les syndicats de la FSU, ont finalement coordonné un rassemblement devant la préfecture de Guadeloupe à Basse Terre, pour demander au préfet et au recteur le classement de l’ensemble de l’académie en REP+.
La demande vise simplement à obtenir des moyens supplémentaires, des effectifs allégés et de meilleures conditions de travail ! Mais autant le préfet a une oreille attentive à la demande, autant le Recteur persiste à balayer d’un revers de main cette demande pourtant portée ce jour là par quinze établissements, dont dix fermés.
La situation socio-économique dans l’académie justifierait largement un classement : 24% de chômage, 56% des 18-24 ans au chômage, un enfant sur deux vit dans une famille monoparentale, 16,5% des élèves sortent sans aucun diplôme du système scolaire... Sans parler des tristes records en matière de grossesses précoces, d’obésité... voire de criminalité !

Cependant, le recteur, pratiquant une politique de l’autruche, s’évertue à dissimuler derrière des taux de réussite aux examens extraordinaires ! En trois ans, la Guadeloupe est passée de la queue de peloton au podium pour les résultats au DNB. De même pour le baccalauréat, notre académie est passée de 8 points de retard à la moyenne il y a trois ans à 4 points au-dessus de la moyenne pour la session 2016. Comment expliquer cette "réussite" ? Le recteur, les IPR et les chefs d’établissement poussent à la mise en place d’une évaluation "bienveillante", qui se traduit par des pressions, l’imposition de moyennes à obtenir par paquet de copies corrigées... Dans le même temps, au premier semestre de la faculté de STAPS de Guadeloupe, l’échec est de 94%...
Il est temps de doter l’académie de moyens à la hauteur des besoins ! Il n’est plus possible de fonctionner avec 400 à 450 précaires employés (pour un total de 3.900 enseignants dans le second degré) pour combler l’absence de titulaires remplaçants, voire de titulaires tout court dans l’académie, au gré des besoins.
Les collègues ont aujourd’hui compris que le seul moyen d’obtenir rapidement et de manière pérenne des moyens à la hauteur du seul enjeu qui vaille était le classement en REP+ : la réussite de tous les élèves, l’endiguement des sorties précoces du système éducatif sans diplôme (1.000 élèves disparaissent des radars tous les ans en fin de 3ème, alors qu’une grande partie n’a pas encore 16 ans).

C’est pourquoi le classement en REP+ de l’ensemble de l’académie permettrait de répondre pour une grande partie à toutes ces difficultés. Il est évident que l’interruption des mouvements en raison des vacances de Carnaval, ne va en rien éteindre la colère des collègues. Le SNES, le SNEP et la FSU seront toujours avec eux !