Le premier ministre a annoncé le 10 octobre 2024, sa volonté de faire de la santé mentale une grande cause nationale. Il est vrai que nombre d’enfants et d’adolescent
es ne vont pas bien dans l’École : stress, troubles anxio-dépressifs, tentatives de suicide...Choisir le recours à des non-psychologues
Le ministère de l’Éducation nationale s’est essentiellement positionné sur le repérage et l’adressage, en ignorant délibérément le corps des PsyEN. Des fonctions de référents ont été créées pour une dizaine de missions qui vont du harcèlement au décrochage, en passant par l’aide aux élèves à besoins éducatifs particuliers et en situation de handicap, jusqu’aux troubles psychologiques.
Ces référents, enseignants ou CPE, sont ainsi formés en 2 ou 3 jours, souvent à distance et grâce à des protocoles et guides de bonnes pratiques. Comment des personnels formés en quelques jours pourraient-ils interpréter la gravité des comportements observés, surtout s’agissant d’adolescent es ? Comment apprécier correctement la conduite à tenir sans tomber dans le signalement systématique ? Le protocole du MENJ soutient qu’il vaut mieux signaler pour rien que de passer à côté de risques importants. Certes, mais a-t-on mesuré la signification de cette procédure sur les jeunes et leur famille ? Sur quels types d’aide ces signalements vont-ils déboucher au vu de la pénurie de structures de soins publiques ? Vers le libéral, pour ceux qui en ont les moyens ?
Service de santé scolaire et mutualisation de la pénurie
Depuis 2 ans, les PsyEN se battent, avec les infirmièr
es et les assistant es de service social, contre la création d’un service de santé scolaire dans l’Éducation nationale. Plusieurs rapports et amendements dans des projets de loi ont été produits, dans le but de « sauver » la médecine scolaire qui subit un manque d’attractivité majeur. D’autres intentions moins louables président à cette offensive. Il s’agit également de restructurer les interventions des psychologues dépendant des collectivités territoriales, des établissements médico-sociaux et de l’ÉN, pour les rendre polyvalentes au détriment de leurs missions statutaires.Phase 2 de l’inclusion : chassé-croisé !
Actuellement, l’expérimentation de 2 dispositifs, DARE (Dispositif d’Accueil et de Remobilisation Éducative) et PAS (Pôle d’Appui à la Scolarité) visent dans le cadre de l’inclusion à utiliser les moyens des établissements médico-sociaux pour faire intervenir des équipes d’éducateurs, de psychologues, de paramédicaux, y compris libéraux, dans les écoles et établissements scolaires. Il s’agit de gérer des situations difficiles ou d’assurer des rééducations. Cette initiative est expérimentée dans 4 départements, mais on peut craindre qu’elle ne soit rapidement généralisée. Parallèlement, certains rapports prévoient de confier aux PsyEN les tâches d’évaluation y compris pour les PMI ou les MDA. Elles
ils risquent ainsi de devoir assurer d’autres missions que les leurs, relevant des collectivités territoriales ou de la santé.Les recrutements toujours en berne
Alors que le nombre de postes mis aux concours est insuffisant pour remplacer les départs en retraite, les concours ne font plus le plein. À la dernière rentrée, plus de 30 lauréats sur 260 ont finalement refusé le bénéfice du concours, du fait des conditions de formation et d’exercice trop dégradées.
Ces orientations politiques sont de mauvais choix ! La grande cause pour la santé mentale va-t-elle déboucher sur des suppressions de postes et/ou de nouvelles décentralisations ? La FSU s’y opposera fermement et appelle à la plus grande vigilance pour stopper ces projets délétères, augmenter les recrutements et revaloriser les salaires.