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Témoignage sur la réalité à Saint-Martin au congrès national du SNES-FSU

mardi 3 avril 2018, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Je parle au nom de Marianna, professeur à Saint-Martin.

Le cyclone Irma a emmené la toiture de ma maison, pour la déposer sur ma voiture. « J’ai toujours un espoir parce que je crois en l’homme. » clamait Aimé Césaire.

L’espoir, je n’ai plus que cela ! Depuis 6 mois, je vis en colocation chez une collègue PE qui m’héberge. Il est 5h30 du matin nous sommes jeudi, le réveil sonne ! J’ai le dos courbaturé d’avoir dormi dans le clic clac du salon.

Pas d’eau au robinet, pour la troisième fois de la semaine. Je me douche à l’aide d’une bouteille. Je me prépare en essayant de ne pas faire de bruit. Le T2 dans lequel nous vivons est mal isolé. À 6h, je pars à pied, ma collègue ne travaille pas ce matin, je parcours 2 km pour attendre au bord de la route un collègue qui passe me récupérer pour m’amener à la cité scolaire.

Le sol est trempé j’évite les flaques d’eau. Je suis contente de ne pas être professeur des écoles : mes collègues du premier degré vont devoir passer la raclette pour évacuer l’eau des salles de classe, faute de toiture dans les écoles.

Si vous saviez ce que je suis contente d’arriver à la cité scolaire : je peux boire un café chaud, je peux parler d’enseignement. Cela me sort de mes problèmes administratifs insolubles !

Les cours commencent à 7 heures. Ce matin ils sont 31 dans une salle prévue pour 28. On m’impose du co-enseignement, faute de salles utilisables. Ma collègue n’est pas là. De toutes façons, nous refusons ce co-enseignement voulu juste pour compléter les emplois du temps. Les élèves aussi sont contents d’être là, même s’ils n’ont pas non plus les horaires légaux.

La matinée se passe. Les éléments dangereux de la toiture qui menacent de tomber sont restés en place. Pas d’accident ce jour ! Ouf ! Un collègue me ramène à ma colocation. Il faut laisser la place pour les collègues du collège Soualiga qui a été détruit !

« Le bourreau tue toujours deux fois. La Seconde fois par l’oubli » affirmait Elie Wiesel dans une situation bien plus critique. Mais aujourd’hui Saint-Martin est abandonnée. Les médias sont partis dans les valises des ministres et du président.

La situation est insupportable ! Aucuns travaux n’ont été effectués sur Saint-Martin, cela fait six mois que l’on vit dans la précarité !

Cela doit cesser ! Il faut un plan d’urgence pour Saint-Martin. L’État doit prendre ses responsabilités. Il en va de la solidarité nationale ! Ce congrès doit être une tribune pour la jeunesse saint-martinoise, pour les enseignants de Saint-Martin, pour la population saint-martinoise ! Ne les oublions pas !