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Décryptage des annonces du gouvernement

dimanche 15 décembre 2019, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Retraites, salaire : ne pas tomber dans le piège

Le gouvernement lance une offensive médiatique et politique affirmant que les personnels de l’Éducation nationale vont sortir gagnants de la réforme des retraites. C’est faux ! Age pivot, générations concernées, conséquences pour les femmes, salaires/primes, conséquences sur le métier (temps de travail, alourdissement des tâches) etc...décryptage ci-dessous. Les choses sont claires : les personnels de l’Éducation Nationale restent les grands perdants de la réforme ! Soyons donc nombreux en grève et dans la rue le mardi 17 décembre, afin d’envoyer une réponse claire au gouvernement, la retraite par points, c’est toujours non !

« Nous devons inciter les Français à travailler plus longtemps. Le gouvernement compte donc reprendre la proposition du rapport Delevoye qui consiste à instaurer, au-dessus de l’âge légal, un "âge d’équilibre" […] Le Conseil d’orientation des retraites nous dit qu’il faudrait fixer cet âge à 64 ans. » Édouard Philippe

Le rapport du COR est une véritable aubaine pour le Premier ministre : il lui permet de ne pas chercher d’autres solutions de financement qui existent pourtant.

Âge d’équilibre, âge pivot, quelle que soit l’expression utilisée, il s’agit bien de nous faire travailler plus longtemps. Tout salarié qui partirait avant 64 ans subirait un malus quel que soit son nombre d’années de cotisation. Il s’agit tout simplement d’une mesure d’économie, le gouvernement ayant confirmé sa volonté d’arriver au plus vite à l’équilibre financier, au détriment du montant des pensions. La réforme n’est pas seulement systémique, elle est avant tout budgétaire !

« Ceux qui entreront pour la première fois sur le marché du travail en 2022 intégreront donc directement le nouveau système. Plus précisément, la génération 2004 qui a 15 ans aujourd’hui et qui aura 18 ans en 2022, sera la première à intégrer le système universel de retraites. »

« Nous avons choisi de rien changer pour ceux qui sont aujourd’hui à moins de 17 ans de la retraite, c’est à dire les personnes nées avant 1975. » Édouard Philippe

Le gouvernement tente de diviser le front de la mobilisation en montant les générations les unes contre les autres : il répète que les générations nées avant 1975 ne seront pas concernées. Attention à ne pas tomber dans le piège, du fait des mesures d’économies décidées, des mesures de court terme toucheront tout le monde. Le malus lié à l’instauration d’un âge d’équilibre s’appliquera à tous dès le 1ier janvier 2022.

Pour résumer :

  • la génération née avant 1960 qui partira avant 2022 partira avec les règles actuelles (notamment une décote de -1,25 % par trimestre manquant)
  • les générations nées après 1960, qui partiront après 2002 se verront appliquer les malus liés à un départ avant l’âge d’équilibre (64 ans). Tous les détails en fonction de l’âge des générations actuellement en activité

télécharger le tableau explicatif

Une conclusion s’impose : tout le monde reste perdant !

« Nous inscrirons dans la loi la garantie selon laquelle le niveau des retraites des enseignants sera comparable au niveau des retraites des fonctions ou des métiers équivalents dans la Fonction publique. » Édouard Philippe

Comment est calculé ce « niveau » ? À quelle date ? Quels sont ces fonctions ou métiers ? Ces annonces restent très floues. Mais surtout du fait du nouveau mode de calcul (sur l’ensemble de la carrière et non les 6 derniers mois), les pensions de tous les fonctionnaires vont continuer à baisser, après avoir déjà subi les effets négatifs des dernières réformes. Le gouvernement propose donc une garantie de la baisse de nos pensions ! La retraite par points, cela reste de la retraite en moins !

« Avant la fin du quinquennat, nous engagerons les revalorisations nécessaires pour maintenir le niveau des pensions », en précisant que cela se fera « progressivement » et commencera « dès 2021 » Édouard Philippe

« L’augmentation sera surtout sous forme de primes » Jean-Michel Blanquer

Le gouvernement ne cesse de clamer son engagement à revaloriser les enseignants. Notons d’abord que rien n’est dit des CPE et des PsyEN. Mais surtout derrière les belles paroles du Premier ministre et du ministre, il n’y a aucune perspective de réelle revalorisation :

  • il s’agirait d’une augmentation du traitement par les primes : les primes sont la contrepartie de nouvelles missions, de fonctions supplémentaires, cela est donc synonyme de travail en plus. Alourdir encore notre charge de travail, voilà le projet du Ministre ! Ces primes ne concerneraient pas tout le monde, une partie des enseignants ne seraient donc pas concernée par cette « revalorisation ». Les primes peuvent aussi être de redoutables outils de néomanagement alors même que c’est notamment ce mode de pilotage de notre système éducatif qui est à l’origine de la souffrance au travail qui s’exprime depuis plusieurs mois.
  • le processus serait étalé dans le temps et ne commencerait qu’en 2021. Sur RTL dimanche matin, Jean-Michel Blanquer a même été jusqu’à évoquer un processus s’étalant jusqu’en 2037 ! Combien de collègues en activité aujourd’hui seront réellement concernés ?!
  • les sommes avancées par le gouvernement ne sont pas à la hauteur : Jean-Michel Blanquer comme Gérald Darmanin ont évoqué une enveloppe de 400 à 500 millions d’euros, très loin des 10 milliards d’euros nécessaires. Pourtant, le gouvernement n’avait eu aucun mal à trouver 20 milliards pour le CICE, finalement trouvés en 6 mois.

En choisissant l’option des primes plutôt que d’augmenter nos salaires, en repoussant toujours plus loin l’horizon de la revalorisation, le gouvernement montre qu’il n’a, en réalité, aucune intention de revaloriser nos métiers !

« Le temps doit nous donner l’ambition de véritablement repenser le métier et la carrière d’enseignant » Édouard Philippe

Temps de travail alourdi, temps de vacances amputé, le président l’avait déjà évoqué à Rodez.

Sans vergogne, le gouvernement conçoit la réforme des retraites comme une opportunité pour redéfinir le métier enseignant : alourdissement des tâches, allongement du temps de travail... il s’agit bien de faire voler en éclat notre statut. À tous, 1975, avant ou après !

Cela a été confirmé lors du débat vendredi 13 décembre, à Nancy, entre des professeurs et le Premier ministre, ainsi que le ministre de l’Éducation nationale.

Toutes les déclarations gouvernementales autour de la redéfinition de nos métiers montrent une volonté brutale de nous imposer de nouveaux cadre de travail au mépris de notre statut. C’est faire bien peu de cas du mal-être qui s’exprime depuis plusieurs mois dans l’Éducation nationale. Quel mépris !

« Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel » Édouard Philippe

Calcul de la pension, mécanismes de solidarité, droits familiaux etc... sur tous les plans, quelles que soient les grandes déclarations du gouvernement, les femmes seront, encore et toujours, les grandes perdantes de cette réforme des retraites.

« J’ai affiché dès mon arrivée ma volonté d’augmenter les salaires des enseignants » Édouard Philippe

Rappelons qu’une de ses premières décisions a été de geler l’application du PPCR et de geler, à nouveau le point d’indice. Belle illustration du cynisme de ce gouvernement.

Frappons un grand coup après les annonces du gouvernement et envoyons un signal clair au gouvernement : nous ne sommes pas dupes des annonces du Ministre, nous refusons cette réforme des retraites et nous exigeons une revalorisation qui doit se faire immédiatement et qui doit déconnectée de la réforme des retraites. Nous sommes en position de force suite aux dernières mobilisations,

Soyons nombreux en grève le 17 décembre pour gagner !