13 décembre 2024

Actualités

Muter ou non à Saint-Martin ?

    Partager cet article :

À l’heure du choix d’une mutation inter-académique ou intra-académique à Saint-Martin, il est important de faire un choix en connaissance de cause.

Quelle est la situation à Saint-Martin  

D’abord Saint Martin est une Collectivité territoriale régie par l’article 74 de la Constitution, Saint-Martin compte environ 30 000 habitants dont près de 24% de moins de 14 ans.
Pour plus de renseignements sur la réalité démographique, culturelle, linguistique, vous pouvez consulter le dernier rapport de l’IEDOM. La collectivité d’est récemment dotée d’un service statistique qui commence à publier des indicateurs. L’antenne locale du rectorat de Guadeloupe, le SEIDN, publie aussi des chiffres que l’on peut retrouver en cliquant sur ce lien .

On retiendra une réalité plus jeune, plus cosmopolite aussi qu’en Guadeloupe avec une composante anglophone, hispanophone, créolophone (créoles d’Haïti, de Guadeloupe et Martinique surtout) alaquelle se superpose la composante francophone. Beaucoup d’élèves parlent en effet deux ou trois langues, y compris à la maison car les couples mixtes sont nombreux, avec parfois deux ou trois langues qui se mélangent. L’usage du Français a progressé depuis une trentaine d’années, celui de l’espagnol plus récemment du fait des flux migratoires en provenance de République Dominicaine. L’anglais reste une langue de communication entre communautés et la langue maternelle d’une majorité de la population. La situation est tout de même variable selon les secteurs de l’île. En 2016, le rectorat évaluait à 82% le nombre d’anglophones au collège de Quartier d’Orléans contre 33% au Mont des Accords et 28% à Soualiga. Une enquête du SEIDN évaluait à 62 % le taux d’élèves du collège Roche Gavée de Moho à Quartier d’Orléans ( baptisé ainsi en 2021) qui parlaient anglais à la maison contre seulement 4% qui parlent français.

Cependant la principale caractéristique du public scolaire de Saint Martin est la pauvreté : l’indice de position sociale des familles ayant un enfant en 6e et de 10,9 points inférieur à celui de Guadeloupe et de 20 points par rapport à celui de l ’échelon national

Les conséquences en termes d’enseignement sont un faible niveau en français et un bon niveau en anglais et en espagnol. Votre réalité pédagogique ne sera pas la même selon la discipline que vous enseignez.
Le SNES considère les réponses du rectorat très insuffisantes. Seulement un collège ( Roche Gravé de Moho) est classé en REP+. Celui du Mont des Accords est en REP. Le collège Soualiga malgré bien peu de différences avec les autres ne bénéficie d’aucun classement. Par ailleurs, la tendance actuelle est d’augmenter les effectifs par classe ( jusqu’à 29 en collège REP +) ce qui rend les progrès des élèves et la gestion de classes difficiles. Pourtant la baisse démographique aurait pu être l’occasion de diminuer le nombre d’élèves par classe, une des revendications sur SNES.

Pour ce qui est de la diversité linguistique, depuis 2010, au moins,les classes européennes et dispositifs bilingues fonctionnent de façon pérenne en collège et lycée. Des sections internationales avec un profil plus élitiste ont aussi été créées ces dernières années et le LGT Robert Weinum prépare au BFI ( section américaine).

La situation du bâti scolaire est problématique tant en qualité qu’en quantité. Écoles primaires sous équipées, collèges saturés (près de 1000 élèves au collège du Mont des Accords). La Cité scolaire ouverte en janvier 2016 n’a pas résolu le problème. Sous dimensionnée dès sa conception elle abrite le LGT Robert Weinum qui compte plus de 800 élèves (l’établissement était calibré pour 500...) de la seconde au BTS. Depuis l’ouragan Irma ( 2017) elle accueille aussi le collège Soualiga, détruit par le cyclone. Son déménagement dans des locaux neufs est prévu pour la rentrée 2025. Le collège Roche Gravée de Moho est en cours d’agrandissement et de rénovation.

Avec le climat tropical aggravé par le réchauffement climatique il fait très chaud dans les salles de classes qui sont loin d’être toutes climatisées. Ces conditions sont particulièrement éprouvantes en début d’année scolaire ( septembre- octobre) au pic de la saison cyclonique. Le SNES demande la climatisation des salles mais aussi des moyens pour en compenser ou réduire le coût environnemental : végétalisation, recours aux énergies renouvelables qui ne sont pas du tout développées sur le territoire

Si vous songez à scolariser vos enfants dans le privé, il faut savoir que le privé sous contrat n’existe pas à Saint-Martin. Les écoles sont des entreprises disposant d’un agrément du rectorat, aux frais de scolarité élevés (jusqu’à 400 euros/ mois) et aux enseignants moins diplômés que dans le public.

Sur le plan matériel, le coût de la vie à Saint-Martin est plus élevé qu’en Guadeloupe, particulièrement pour l’alimentation (quasiment aucune production locale) et les loyers. Après Irma les prix de l’immobilier ont flambé et l’offre en logement est insuffisante. Beaucoup de logements sont des studios et des petits appartements dédiés à la location saisonnière. Selon les quartiers, le loyer d’un studio peut avoisiner 1000 euros mensuels, celui d’une maison avec deux ou trois chambres 2000 euros mensuels. Les prix à l’achat se sont aussi envolés ces derrières années.
Pour en finir avec les prix, seuls, l’essence ou des produits comme le tabac ou les alcools forts sont meilleur marché.

Coté rémunération, votre traitemennt sera indexé ( 40%) et vous toucherez l’ISG, si vous êtes fonctionnaire. Depuis 2013, l’État a diminué l ’indemnité dont bénéficiaient les fonctionnaires mutés à Saint-Martin et à Saint-Barthélémy en remplaçant l’IPSI par l’ISG (14 mois de salaire pour Saint-Martin, 6 pour Saint-Barthélémy). L’ISG est versée en deux fractions égales et our une période de deux ans renouvelable une fois ( soit quatre fractions sur quatre ans maximum)

Avec encore des difficultés de recrutement dans certaines disciplines on appréciera l’irresponsabilité de ce choix. Le SNES n’a eu de cesse de dénoncer cette politique à courte vue. Notons cependant que les effectifs scolaires sont en baisse et que l’heure est à la suppressions de postes. Mathématiquement, moins de disciplines se retrouvent déficitaires.

La fiscalité à Saint-Martin en revanche, peut être plus avantageuse ( pas de TVA, remplacée par une TGCA à 4%, impôt sur le revenu « allégé »). Cependant si vous arrivez de l’Hexagone ou d’un département français d’outre mer, vous ne serez pas résident fiscal avant 5 ans (vous paierez l’impôt sur le revenu en Guadeloupe)
Saint-Martin est aussi réputée pour sa vie nocturne et ses loisirs. Après les destructions de l’ouragan Irma elle a repris son cours.

Il existe une école d’art, une école de musique ( privées donc relativement onéreuses), une école de danse associative et un théâtre qui accueille deux compagnies, dispense des cours pour enfants et adultes et offre une programmation de qualité. Par contre pas de cinema coté français et un embryon de médiathèque ( la médiathèque n’a pas été reconstruite après le cyclone). Bien sur il existe nombre d’associations sportives.

En somme, muter à Saint-Martin relève d’un choix de vie et il convient de l’envisager dès vos vœux de mutation interacadémique. Pour toutes précisions les membres du bureau du SNES, dont le représentant à St Martin sont à votre disposition : guadeloupe@snes.edu